Condor

“Au-delà du contexte géopolitique de cette histoire – la dictature militaire au Brésil dans les années soixante-dix, il s’agit, quant à nous, de sonder le traumatisme d’une femme qui se débat contre l’anéantissement.”  Anne Théron

Dans les années 70 et 80, la coalition des dictatures en Amérique latine, nommée Opération Condor, appuyée par l’amitié économique et diplomatique de l’administration américaine, torture et tue les opposants aux régimes. Sur un texte de Frédéric Vossier, Anne Théron met en scène les retrouvailles d’un homme et d’une femme des années après, le cœur lourd d’un deuil impossible ; Anna était du côté des opposants, Paul a probablement été bourreau. On comprend qu’ils sont frère et sœur.

Sur scène, la pièce se déroule dans un bunker enseveli sous une dune. Le spectateur suit alors les échanges entre les deux personnages dans une ambiance étrange, où les blessures profondes resurgissent au travers des mots et des silences. Cette parole en suspens, comme si elle n’était que la surface visible d’un iceberg ancré dans une eau glacée, nous tient en haleine dans l’espoir d’une révélation qui conduirait à sa résolution.

Tout se mélange : le réel et le fantasme, le politique et le familial, l’amour et la haine. Le passé est-il vraiment passé ? Pourquoi Anna est-elle venue ? Qu’a-t-elle à dire à ce frère qu’elle n’aime plus ? Une réconciliation est-elle possible lorsque la violence s’est inscrite dans la chair ?