OBJECTIF BURNOUT

Camille Panonacle & Jonathan Michel

Compagnie Contrechamp

OBJECTIF BURNOUT

Camille Panonacle & Jonathan Michel

Compagnie Contrechamp

Comédie humoristique engagée et poétique, Objectif Burnout interroge un monde du travail tout près du pétage de plombs ! Après La Terre tremble en 2022, Camille Panonacle et Jonathan Michel ont conçu une pièce inspirée des écrits d'Alexandra Badea et Hannah Arendt. À partir d’extraits choisis, les deux artistes ont inventé une scénographie en compagnie de quatre comédiens et un musicien dans un décor très années 70 aux allures de talk-show avec dispositif vidéo… Sommes-nous prêts à tout sacrifier et détruire au nom du travail ? Sommes-nous des consommateurs ou des citoyens ? En tout cas, venez tels que vous êtes pour découvrir cette création en état d’alerte !

jeu. 20 + ven. 21.02.25 > 20h
Saint-Jean-de-Luz > Tanka

Théâtre
Durée : ≈ 1H45

Tarifs

  • Enfant & adhérent 15-25 ans : 10 €
  • Adhérent réduit : 12 €
  • Adhérent classique : 14 €
  • Tarif plein : 20 €
Places numérotées

Texte : Jonathan Michel à partir d’extraits de Burnoutd’Alexandra Badea et Condition de l’homme moderne d’Hannah Arendt
Avec : David Bichindaritz, Grégory Corre, Jonathan Michel, Camille Panonacle / Création sonore et musique : David Bichindaritz / Scénographie, costumes : Jonathan Michel, Camille Panonacle / Régie plateau et lumière : Raphaël Tadiello / Régie son : Mathias Goyeneche / Crédit Photo : Jonathan Michel

Coproduction : Scène nationale du Sud-Aquitain / Théâtre de Gascogne / Théâtre des Quatre Saisons / Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine / OARA – Office Artistique de la Région Nouvelle-Aquitaine
Avec le soutien de : Espace culturel Mendi Zolan d’Hendaye

À la première lecture de Burnout, j’ai été captivé par le contraste entre la complexité du sujet traité par Alexandra, la souffrance au travail, et sa prose simple, directe et brutale. En tant qu’artiste, mettre en scène une réflexion sur notre rapport au travail me touche intimement. Ce texte que j’entends comme un cri, que je perçois comme un mouvement, un geste ininterrompu parle depuis l’intime de cette douleur sociale liée à l’épuisement professionnel. Depuis vingt ans, le mal-être au travail est médiatisé, le syndrome du BURNOUT est reconnu mais la prise en charge des patients reste superficielle et la remise en question des méthodes de management est quasi inexistante. Certains individus se questionnent, d’autres résistent, tandis que la plupart se font avaler par la machine. C’est le cas de l’évaluée et de l’évaluateur, les deux personnages du texte d’Alexandra Badea. De bons soldats au sein de leur entreprise et dont l’humanité n’a pas de place pour s’exprimer. À travers leurs monologues intérieurs ils nous ouvrent les portes de leurs psychés obsessionnelles et maniaques. Leurs pensées rendent compte d’une vérité glaçante sur la toxicité des rapports hiérarchiques, sur la maltraitance, l’automutilation et l’isolement. Et en arrière plan c’est toute une société capitaliste sourde aux signaux de détresse qui est décrite.   Dans le texte, les pensées, les angoisses, les objectifs sont exposés comme une suite de slogans logorrhéiques. Nous plongeons avec eux dans ces listes, hypnotisés et percutés en même temps. J’envisage ce texte comme un poème coup de poing. Ce que je veux explorer sur ce spectacle est la recherche du contraste. Je trouve d’abord cette notion dans l’écriture même d’Alexandra qui dépeint des personnages à priori tragiques mais dans une excessivité telle qu’ils deviennent leurs propres caricatures. Ces employés grotesques, réduits à leurs seuls déterminants (l’évaluée et l’évaluateur) sont le symbole de tout un système de management moderne. Leur façon de s’exprimer aussi provoque un contraste : les mots sont crus, violents, familiers ou froids et techniques, mais toujours embarqués dans une musicalité qui permet d’aller vers la poésie, l’abstraction, le sensible. Pour aller encore plus loin, avec le texte « Condition de l’homme moderne » d’Hannah Arendt, j’ai trouvé un espace de réflexion inspirant et complémentaire à BURNOUT. La parole humaniste de la philosophe apporte un éclairage particulier au texte d’Alexandra Badea. Hannah Arendt part du postulat que l’être humain est fait pour travailler et ne peut s’épanouir que dans une vie active, le travail au sens d’action, de créativité. Je souhaite extraire cette parole et la déplacer dans un film de fiction hybride, entre installation vidéo et réflexion intellectuelle. Ce film ouvrira le spectacle, comme un prologue. J’imagine un homme d’une cinquantaine d’années, perdu dans un immeuble en construction, situé au milieu d’un quartier comme celui de la Défense, où les entreprises s’amoncellent et les employés grouillent. Dans cette immeuble vide, cet homme épuisé, dépassé, semble perdu, physiquement et intellectuellement. Il s’accroche à cette parole intelligente et humaniste qui résonne dans sa tête. Je revendique avec ce prologue la démonstration que les hommes souffrent du fossé qui existe entre ce que devrait être le travail et ce qu’ils en ont fait. C’était d’ailleurs l’inquiétude d’Hannah Arendt dès 1958 : « Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans travail, c’est à dire privée de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. » À l’issue de ce prologue arrivera le théâtre, les comédiens feront une entrée spectaculaire, fracassante, puissante et dynamique, à l’image du texte. Grace à cette dynamique nous essayerons d’attirer le spectateur tantôt vers quelque chose de cathartique et d’exécutoire, par le biais de l’identification, et tantôt vers le fantasque et le comique car le rire peut permettre d’entendre et autorise la réflexion. Après avoir confronté la sagesse d’Hanna Arendt à la colère d’Alexandra Badea, j’envisage de conclure ce spectacle par la diffusion d’un film documentaire : HORIZON. Nous le réaliserons à l’occasion d’ateliers de médiation participative organisés pendant nos résidences de création, avec des établissements scolaires, de maternelle et de primaire. Mon idée est d’échanger très simplement avec les enfants autour du travail. Nous les questionnerons sur « Qu’est ce qu’est pour eux le travail idéal? » « Que veulent ils faire plus tard, et pour quelle raison ? » Aussi nous imaginerons des métiers qui n’existent pas. C’est en récoltant ces échanges que le film se construira.   Je souhaite finir ce spectacle sur une fenêtre, un nouvel horizon, ne pas succomber à la fatalité, au sentiment que la condition de l’homme se résumerait à consommer et à être consommé. Regarder les rêves encore intacts de nos enfants pour mieux penser notre futur et notre présent. Ainsi je cherche à confronter les contrastes que me propose cette réflexion sur le travail et l’épuisement au travail. De ces contrastes naîtra une vision du monde qui ne sera pas manichéenne. À partir de là chacun sera responsable de sa réflexion. Je cherche à réveiller, éclairer, poser des questions. Il serait difficile et prétentieux de prétendre y répondre. Et c’est pour cette raison que la distance et le dé-réalisme sont pour moi indispensables pour concevoir ce spectacle.