PORT-AU-PRINCE ET SA DOUCE NUIT

de Gaëlle Bien-Aimé / mise en scène : Lucie Berelowitsch

Le Préau, CDN de Normandie-Vire

PORT-AU-PRINCE ET SA DOUCE NUIT

de Gaëlle Bien-Aimé / mise en scène : Lucie Berelowitsch

Le Préau, CDN de Normandie-Vire

Dans une chambre de Port-au- Prince, à la lumière d’une bougie, un couple vibre, s’aime, se souvient et se déchire au rythme d’une ville en proie à la violence. Pourtant, Zily et Ferah continuent de faire entendre un chant d’amour. Comment s’aimer dans une ville qui s’effondre ? Comment aimer sa ville en étant forcé d’envisager de la fuir ? Zily veut partir mais Ferah ne se résout pas à quitter son île. Ont-ils d’autres choix que de se séparer ? À la fois poétique, sensuel, grave et d’une grande délicatesse, Port-au-Prince et sa douce nuit est une véritable déclaration d’amour à cette capitale autrefois joyeuse.

© Samuel Kirsenbaum

mar. 15 + mer. 16.04.25 > 20h
Anglet > Théâtre Quintaou

Théâtre
Durée : 1h20

Tarifs C

  • Enfant & adhérent 15-25 ans : 10 €
  • Adhérent réduit : 12 €
  • Adhérent classique : 14 €
  • Tarif plein : 20 €
Placement libre

Texte : Gaëlle Bien-Aimé / Mise en scène : Lucie Berelowitsch / Avec Sonia Bonny (comédienne permanente) et Lawrence Davis / Lumières : François Fauvel / Musique : Guillaume Bachelé / Scénographie : Ateliers du Préau sur les conseils d’Hélène Jourdan

Production : Le Préau CDN de Normandie-Vire 
Coproduction : Les Francophonies de Limoges, des écritures à la scène / CDN de Normandie-Rouen

J’ai découvert l’écriture de Gaelle Bien-Aimé lorsque Ronan Chéneau et le CDN de Normandie-Rouen m’ont proposé de mettre en espace Port-au-Prince et sa douce nuit pour la 5e édition du Festival des langues françaises. La pièce se déroule au crépuscule dans le huis-clos d’une chambre. Puis se prolonge toute une nuit. Qui pourrait être toutes les nuits. Dans une ville qui s’est transformée, qui est le 3eme personnage de la pièce, un couple s’aime au milieu du chaos, se souvient de ce qu’était Port-au-Prince avant, vit son amour au rythme des rues de la ville, fait l’amour, se dispute, danse, chante, se demande s’il faut rester et aider, ou s’il faut se sauver et partir. Lorsque j’aborde le travail sur un texte, j’essaye avant tout de le concevoir comme une partition. Je me pose alors la question du rythme de la langue et ce que ce rythme raconte. Le texte de Gaëlle Bien-Aimé est très musical, très rythmé, concret et poétique. Et ce qui est extrêmement beau dans son écriture, c’est que la forme même raconte déjà beaucoup. À certains moments, une sorte de flow s’écrit et à d’autres, les textes sont comme des vers libres, ils sont particulièrement segmentés et cela donne des indications de rythme. Et puis le créole surgit et crée une autre dynamique à la langue, comme un autre endroit d’intime ou une manière de dire les choses autrement. Dans ce texte, se déploie une énergie de lutte et de fulgurante joie de vivre en dépit de tout, au milieu du chaos. J’ai ressenti le besoin de m’imprégner de Haïti et de Port-au-Prince. Très vite, cela a résonné avec ce que je vis au CDN de Vire-Normandie : j’accueille des femmes ukrainiennes, guerrières et chanteuses, qui me racontent ce que c’est de quitter sa ville et de continuer à se battre par l’art en France. À la fin du texte de Gaëlle Bien-Aimé, il y a une didascalie magnifique – « maintenant leurs yeux sont ouverts sur la nuit, toute la nuit » – qui fait écho à un poème ukrainien qui dit « Mes paupières jamais ne s’abaisseront ». Ne jamais baisser les paupières face à ce qui est devant nous. Le premier travail autour de ce texte s’est fait en trois étapes. Un premier temps a eu lieu aux Francophonies de Limoges, dans le cadre des Zébrures de Printemps et un second au Théâtre 14, à Paris. J’ai d’abord travaillé à faire entendre le texte avant d’imprimer des choix de mise en scène. J’ai présenté le travail avec deux pupitres et un format lecture pour faire entendre la langue. Ensuite, dans le cadre du Festival des langues françaises au CDN de Normandie-Rouen, j’ai commencé à esquisser une mise en scène, à créer un espace à la fois concret et onirique. L’espace, qui rappelle une chambre et la ville de Port-au-Prince, s’est créé avec des photos de la ville : la nuit, une moquette, un lit, du sable. Une création sonore s’est construite autour des bruits de la ville et des mouvements internes des personnages, ce qui permet de créer un hors champ et de plonger dans leurs parcours intérieur. Le texte s’est ponctué de moments dansés, ainsi que de chants haïtiens qui ont inspiré Gaëlle Bien-Aimé dans son écriture. Pour les comédiens et pour moi, ce texte est une rencontre très forte. C’est devenu une évidence de finaliser cette création, qui prend tout son sens au vu des derniers événements à Haïti.

Lucie Berelowitsch - septembre 2023